The valve body, an example of a high quality part produced in the 50'S.
La réunion des deux sociétés est une affaire des plus délicates. Depuis l'éviction d'André Leroy lors du rachat de Colombier-Fontaine au profit des Maître, les deux familles ont grandi dans l'inimitié. Une frontière tissée par l'habitude autant que par la mémoire se dresse entre les deux. La contrée fourmille d'anecdotes illustrant la rivalité entre les fonderies.
"Plusieurs années après la fusion, raconte un ancien des AFE, les clivages n'étaient pas résorbés. Je me souviens de voyages en car en 1975, où les salariés de Colombier-Fontaine se mettaient à l'arrière, ceux de Sainte-Suzanne à l'avant."
"En fait, conclut un autre retraité, les gens des deux usines n'ont commencé à s'entendre qu'une fois à la retraite." Aux rivalités entre les deux fonderies s'ajoute l'incompréhension suscitée par l'annonce d'une fusion : jusqu'alors jamais aucune fonderie d'acier ne s'est rapprochée d'une autre. Ce qui est devenu banal aujourd'hui est à l'époque exceptionnel et, pour la plupart des acteurs, totalement incompréhensible.
...La loi sur les sociétés du 24 juillet 1966 et son décret d'application du 24 mars 1967 permettant d'opter pour la coexistence d'un directoire et d'un conseil de surveillance dans les sociétés anonymes tombe à point nommé. Les Aciéries et Fonderies de l'Est sont une des toutes premières sociétés françaises à l'utiliser.
Modeste, Gérard Maître accepte le principe qui attribue la présidence du conseil de surveillance à sa famille. "Je vous aime bien signifie alorsJean de Boisfleury aux Genot, mais en tant qu'actionnaire minoritaire, aucun membre de ma famille n'aura de poste de direction. Je souhaite donc que la nouvelle société aille en bourse."
Tel est le sens du pacte d'actionnaires établi en mars 1968, date de la constitution du groupe Aciéries et Fonderies de l'Est. Ce dernier changera d'appellation pour Afe en 1987, année de sa cotation sur le second marché.